Laissons s'éloigner les fanfares
S'éteindre les derniers discours,
Tomber les dernières amarres
Entre l'Hier et le Toujours,
Et, payé le tribut au Maître,
Assoupi le bruit glorieux,
Que seul dans notre enclos pénètre
Le pèlerin dévotieux !
Je suis ce pèlerin ... Qu'aucun ne s'effarouche
Des amis que je dois aux livres préférés ;
Je viens à pas feutrés, et le doigt sur la bouche,
Comme un croyant aux lieux sacrés !
Et je marcherai droit vers l'abri solitaire
Des temps intolérants, où, masqués les fanaux,
Nuitamment, en silence, on rendait à la terre
Les vieux ancêtres huguenots.
Vingt ans dans le jardin envahi de broussailles,
Et voici l'ombre où tant de clarté s'engloutit,
L'humble aboutissement des grandes funérailles :
Voici la tombe de Loti ...
Près d'un mur deviné sous la toison de lierre,
Un rectangle de buis et, tout juste équarri,
A même sur le sol un bloc fruste de pierre
Gravé d'un trait déjà flétri.
C'est ici le butoir de l'innombrable route ;
C'est dans cet angle obscur, étroit et délabré,
Que gît après l'essor qu'empoisonna le doute
Un incroyant désespéré !