Il est un pays doù lon revient forcément changé,
La couleur de ses rivages variant aux rythmes de ses multiples luminosités.
De cette côte, à la fois si plane et pourtant si déchiquetée,
Sesquisse une toile magique dun tragique renouvelé.
Il est un temps où, au loin, ciel et océan se confondent,
Où lattente du jour, relève après relève, sest faite bien longue,
Où, sans subterfuge, il est bien difficile de marquer toute heure ronde,
Alors que déjà, cet environnement sans nom, laisse place à la nuit qui tombe.
Il est une heure où la houle, vague après vague, se retire,
Les restes dune rude bataille se découvrent, la marée semblant battre en arrière,
Laissant devant elle de longues traînées, noircies damas de pierre,
Tranchant avec cette clarté, dune plage dénudée qui sétire.
Il est une frontière, fruit dun accord tacite,
Mutuellement respectée jusquaux plus extrêmes limites,
Que le veilleur assuré, parcoure, tel un rite,
Résistant aux attaques concertées, vague impression de redite.
Il est une toile magique, victime dun combat fratricide,
Où les bleus se mélangent, et demeurent mystérieux,
Où les bleus virent au vert, et émerveillent les yeux,
Et où les verts résistent aux bleus, maintenant une défense placide.
Il est un regard voyageur, entièrement libre de flâner
Qui loin de toutes gageures, ne peut que témoigner !
Mais que nous réserve la prochaine marée, nul ne le sait, rien ne le précise,
Nul peintre même, noserait deviner, cette magie au combien indécise !
Emmanuel Guyétand, Brest , 26 mars 2000.