Journal de bord du A960 Godetia



Noko, noko !!



L’Afrique : pour les uns le paradis, pour les autres l’enfer. Le continent noir vous désespère ou prend une place dans votre coeur. « Vous êtes nos oncles » et « donne moi dix dollars », irrite l’un tandis que l’autre se perd dans la convivialité excessive d’un continent paupérisé. Dans l’ancien Zaïre, devenu la république démocratique du Congo se retrouve un bout d’histoire ancienne.

Qui n’a pas entendu les histoires de tante Mariette ou de l’oncle missionnaire ou de 150.000 ex coloniaux ? Ils sont à l’origine de ce que nous sommes maintenant : les nokos ou bien les oncles. Cela représente beaucoup plus que nous pourrions croire de prime abord. Cette expérience est vécue par l’équipage du BNS Godetia pendant son escale de quatre jours à Matadi. Le Godetia est en mission diplomatique de 100 jours le long des côtes de l’Afrique de l’ouest. Matadi est la sixième escale et la deuxième ou des dons humanitaires seront débarqués.
Matadi, port de la République Démocratique du Congo et prochaine escale du BNS Godetia se trouve à 80 nautiques à l’intérieur des terres le long du fleuve Congo. Depuis 1987 plus aucun navire militaire belge n’y a fait relâche. Je suis honteux de ne pas pouvoir décrire la palette de couleurs qui se trouve dans la nature en remontant le fleuve Congo vers notre destination. Ne vous détrompez pas ! Le fleuve Congo n’est pas une petite rivière. La partie navigable dans cette embouchure géante n’est parfois profonde et large que de quelques mètres, un courant contraire très fort et des bancs de sable le rendent dangereux. Le balisage est « fiable ».A la passerelle la tension monte. Le pilote Congolais nous guide, tout à son aise, le long des obstacles. Pour lui il s’agit de routine. Il jouit des bons petite plats qui lui sont servis. Un oeuf au petit déjeuner, du roastbeef avec des choux-fleurs à midi, quelques biscuits au chocolat et une tasse de thé. La vie de pilote peut être belle.

« La première chose qui saute aux yeux est la couleur de l’eau », d’après Stefaan Ysenbrandt, cadet à l’école de navigation à Anvers, pendant qu’il jouit du paysage depuis le pont hélicoptère. Depuis ce matin, en clair cinq heures trente passe sous la quille un liquide qui pourrait être comparé à du coca bouillonnant. Les bouquets de jacinthes des eaux flottants donnent un peu d’exotisme à notre cocktail. « Dommage que le ne temps ne soit pas meilleur. Mes photos seraient plus belles s’il y avait du soleil». Les nuages sont bas en effet.
« C’est comme si je retournais sur les pas de mes ancêtres » dixit Walter Batsleer, commandant en second du Godetia. Le vent joue dans nos cheveux tandis que nous voyons une hutte sur le rivage. Seul manque un missionnaire habillé de blanc. « Vive le Roi » entendons nous. C’est le fait d’un autochtone dans sa pirogue. Nous rions de bon coeur.

Walter : « Je me souviens de ma tante Mariette, soeur au Congo. Le dimanche à table nous en parlions. Mes parents ont failli s’expatrier pour le Congo. Je m’en souviens très bien. Je devais avoir huit ans. Mes parents avaient demandé à mon frère et à moi si nous étions d’accord. C’était en 1960, année de l’indépendance. Nous sommes naturellement restés en Belgique. Ce jour je remontes l’ancien fleuve Zaïre. Pour moi c’est le sommet du voyage ».

Photos: Marc Kleysman - Televox
Texte: Karel Wauters - BNS Godetia