Beyrouth, le 4 décembre 1959 !

  

Bien chers Parents,

Depuis trois jours déjà nous sommes à Beyrouth. La ville est agréable et le climat extrêmement doux ; on commence à s'approcher des chaleurs. Dans cette ville il y a un mélange de deux races presque, l'Arabe et le Chrétien comme ils disent. On sent un contraste formidable entre eux, mais tous sont agréables avec nous. Le Français reste encore beaucoup estimé, surtout depuis quelque temps où la population marque une certaine amitié pour nous. Ceci doit provenir de l'intrusion des Américains qui semblent vouloir s'imposer, la ville leur offre déjà un débouché formidable pour leur production, les trois quarts des voitures sont américaines. Ca se comprend aussi ; d'abord elles ne sont pas chères, et l'essence est à peine à 50 F le litre de super. Il y a aussi dans cette ville des quartiers pauvres, minables, propres à chaque ville arabe, mais par contre, il y a les quartiers européens et résidentiels qui sont reposants de calme et imposants par leurs constructions neuves, il y a des hôtels splendides. Ailleurs, il y a une circulation intense, autant de voitures que de piétons au dire d'un Français résidant ici et alors ils conduisent d'une remarquable habileté mais en dépit total du code de la route.

Moi je suis sorti les deux derniers soirs, mais toujours trop tard pour prendre des photos, la nuit tombe avant 5 heures.
Nous avons eu notre repas officiel hier à midi et demain il y a le cocktail. De nombreuses visites se sont déroulées de part et d'autres, notamment celle du Président de la République. Et ici ce fut le grand cinéma, en entrant au port, salve de 21 coups de canon à la terre et de nouveau 21 pour le Président. Hymne du pays, Marseillaise, enfin, il faut se mettre à l'honneur.

D'autre part, pour une fois, on a pensé aux marins et sous-officiers en les invitant à une réception au Cercle de la Colonie française. Et j'ai pu y participer, réception très brillant, tant par les attractions que par le cocktail mais surtout par l'amitié des gens présents, tous pour la plupart Français, ou mariées avec des Français et heureux de reparler du pays où certains n'étaient plus retourné depuis longtemps. On a pu lier de nombreuses connaissances et dommage que je n'avais pas de cartes de l'hôtel pour ceux désireux d'aller passer un séjour à Paris, enfin, j'ai toujours donné l'adresse. C'est curieux, grâce à cette réception, on a pu aborder des gens d'une certaine catégorie, car en fait ceux qui sont ici sont aisés, on a pu s'entretenir avec l'attaché culturel à l'Ambassade et un tas d'autres personnes. Je crois que je garderai un bon souvenir de cette escale.

Jean CHANRION.


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