"L'escale commence toujours bien. C'est plus tard que ça se gâte. Elle ne débute pas au moment où nous posons le pied sur le quai. Elle s'est annoncée loin au large, longtemps avant." Pour le marin à terre, il s'agit alors de "tout parcourir. Tout voir. Tout dévorer". La plupart des ports de la planète sont ainsi conçus qu'ils offrent à leurs passagers ce qu'ils en attendent: de la lumière, de la musique, des putains. Et surtout, un immense terrain de rêve. C'est le paradoxe du matelot: en mer, il rêve du port qui l'attend; sur les quais, il rêve des tempêtes et des terres lointaines qu'on lui raconte. Au gré de ses rencontres dans Valparaiso la magique - avec son dédale de ruelles, ses cascades d'escaliers, ses maisons effondrées -, le marin pénètre dans cette mémoire qui semble n'avoir aucune fin. On lui raconte les tempêtes, les naufrages, la vague traîtresse, les mains gelées de ceux que la mort a pétrifiés dans les cordages, la mer, cette inconnue. Mais à l'escale d'autres lumières, d'autres couleurs brillent aussi. "Val Paradis", par Alain Jaubert, Gallimard, coll. "l'Infini", 436 p., 22,50 euros. |
Escales |
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