De son vrai nom Julien Viaud, Pierre Loti est né en 1850 à Rochefort (Charente-Maritime) dans une famille huguenote. Sorti de l'Ecole navale, il va entreprendre une longue carrière de marin qui lui fera silloner toutes les mers du monde et va inspirer son oeuvre d'écrivain.
Auteur prestigieux d'immortels chefs-d'oeuvre, Pierre Loti fut aussi un homme d'élite aux multiples visages, mystérieux et fascinant dans sa complexité. Officier de Marine, écrivain fécond, dessinateur exceptionnel, excellent musicien, polyglotte, académicien, acrobate de cirque, il savait à la fois parler aux reines et aux forbans, aux princesses et aux matelots.
La vie de Julien Viaud - les vahinés le surnommeront Loti, du nom d'une fleur locale - est marquée d'innombrables passions amoureuses. Ce maître de l'exotisme dont l'oeuvre romanesque est largement autobiographique a parcouru le monde. De ses amours avec une jeune circassienne d'un harem naîtra Aziyadé, premier livre d'une beauté sublime. Il chantera la luxuriante Océanie, le Sénégal, le Japon. Mon frère Yves, Pêcheur d'Islande, Ramuntcho, Madame Chrysanthème et bien d'autres affirmeront son génie littéraire.
C'est en 1878 qu'il décide réellement la réalisation de son petit palais. Loti a pour les objets une passion quasi fétichiste. "Il n'y a d'urgent que le décor. On peut toujours se passer du nécessaire et du convenu". Tapis, étoffes, mosaïques, collections d'armes et coffres rassemblés au gré des voyages, trouvent logiquement leur place dans la maison rochefortaise qui a immortalisé, au même titre que ses romans, son illustre propriétaire. La maison natale est le miroir de sa vie, où les rêves et les fantasmes s'expriment audacieusement. Le visiteur traverse un salon rouge, une gallerie de portraits, une salle Renaissance puis une pièce gothique, une pagode japonaise, une chambre des momies, une mosquée, un petit salon mauresque chargés d'objets, qui tranchent singulièrement avec l'austérité de la chambre à coucher, empreinte d'humilité.
Le désir d'un Ailleurs le hantera toujours : "Toute ma vie a passé à cela: souffrir de partir et cependant l'avoir voulu". Loti, l'éternel insatisfait, dira encore: "A défaut du bonheur impossible, j'espérais trouver un peu de Paix". "Loti, dit Mauriac, a chéris la douleur comme une volupté". L'officier-académicien qui s'éteindra, en 1923, couvert d'honneurs et de gloire, restera ainsi fidèle à sa devise: "Mon mal, j'enchante".
Selon ses voeux, il a été inhumé à Saint-Pierre d'Oléron, dans le jardin de la "Maison des Aïeules". Un poème de Miguel Zamacoïs fût gravé sur sa tombe.
"Loti fait mieux encore que tous les autres itinérairants du monde, mieux aussi que tous ses compagnons marins : lors des escales il dessine, avec une rapidité et une virtuosité déconcertantes, il photographie à merveille, en technicien déjà éprouvé de cet art tout neuf, il prend des notes précises et nombreuses.Ainsi engrange-t-il pour lui-même, et pour les autres, une somme considérables d'images, de scènes de la vie courante, d'anecdotes, qui vont meubler sa mémoire et lui permettre de retrouver intactes toutes ses sensations de grand voyageur à travers le monde.
Grâce à cette capacité exceptionnelle de pouvoir regarder, capter et retenir, en un temps record, les traits originaux du pays où il se trouve, cet "auteur-reporter-ethnologue" réussit à écrire des livres entiers, aussi denses que vivants, sur des pays qu'il n'a parcourus que durant quelques jours - c'est le cas pour l'île de Pâques et pour Angkor - ou quelques semaines, comme pour la polynésie, l'Inde, le moyen-Orient. "
( par Yves la Prairie, Le vrai visage de Pierre LOTI aux éditions L'ancre de marine )
Téléchargez une des oeuvres de LOTI :
"Aziyade"
"Les lieux où nous n'avons ni aimé, ni souffert, ne laissent pas de traces dans notre souvenir".
"Qui pourrait tout comprendre pourrait tout pardonner".